Reality (2023)

C'est par un après-midi d'été, que l'on découvre le petit sourire charmant de Reality Winner, interprété par Sydney Sweeney, dans une performance d'actrice, tout en délicatesse, pour un film de Tina Satter, simple, court, et bien réalisé, sur l'illusion d'une liberté démise par un gouvernement de plus en plus présent, avec l'invasion du FBI pour la défendre. Une autorité qui annonce le début d'un voyage plutôt inquiétant, ainsi que celle d'une justice implacable, lorsque la démocratie tente de se protéger.

Même si Reality feint l'innocence, jamais inquiète, à peine perplexe, la simple présence de Garrick ( Josh Hamilton ) et Taylor ( Marchant Davis ) ces deux agents du FBI, demeurent en soi une menace. Débute alors entre eux, un échange des plus curieux, en proie avec l'absurde, quand Reality semble plus soucieuse de son chien, son chat, que par ce mandat d'arrêt qui la concerne, de même que ces deux agents, fin stratèges, qui manient le pouvoir de la loi, comme un sujet de conversation des plus banal.

Ainsi, à travers cette discussion devenue un interrogatoire gentiment mené, Reality entrevoit cette autre personnage qu'est la réalité, un monde et ces questions, où chaque pas, chaque mot et enregistré. Tous ces plans et mouvements de caméra, capturés de façon astucieuse par la réalisatrice, donnent une impression de surveillance insidieuse de l'Etat, le sentiment étrange de ne jamais avoir été libre un seul instant.

Cet air bizarrement calme au début, s'aggrave progressivement avec le FBI qui paraît contrôler la situation, à l'intérieur de la maison, dans cette chambre au décor franchement inquiétant, à l'image de ces murs qui l'emprisonnent, et qui bientôt l'étouffent, maintenant qu'elle ne peut plus fuir, coupable d'avoir osé divulguer une vérité que la NSA ( National Security Agency ) a considérée comme une violation de document classifié, de l'espionnage.

Une lanceuse d'alerte, bien trop seule, dans l'ombre du secret, qui a essayé de résister, pendant que ces grands yeux expressifs, eux auraient rêvé de s'envoler pour d'autres souvenirs, afin de ne plus avoir peur d'une Amérique qui punit lourdement, pour le bien de la démocratie, cette tactique de la terreur, pour garder les gens dans l'ignorance et sous contrôle.

Au final, c'est un film qui explore des thèmes tels que la perception de la réalité et la construction de soi. Une réflexion sur la façon dont nous interprétons et donnons du sens à notre environnement, dans nos sociétés modernes. L'élection de nouveaux présidents dans nos vies, avec de possibles ingérences extérieures, qui déstabilisent une vérité qui ne serait plus la norme, et qui se révèle bien souvent par de fausses promesses. Donald Trump élu en 2016, en est l'exemple parfait.